Promenade multimédia en 7 tableaux, Carrière de pierre à Saint Maximin (Oise)
Installation sonore : Gauthier Keyaerts
Acteurs : France Degriessen, Chloé Charles, Malory Crémer
Directeur technique : Eric Michaux
Directrice de production : Laurène Levif
Conseiller artistique : Philippe Franck
Le Ventre du Monstre
2010-2018 / Installation / Immersif
Le Ventre du monstre, dans la carrière de pierre de Saint-Maximin, à l’occasion des journées européennes du Patrimoine, dans l’Oise, en 2010, est une plongée dans l’imaginaire des mondes souterrains à travers sa fantasmatique (titans, méduses, enfers…). Le projet se déclinait en sept tableaux, s’enfonçant de plus en plus profondément dans la carrière de pierre de Saint-Maximin, en commençant avec des images aquatiques – les trois premiers tableaux avec des sirènes, des Medusas,une évocation de L’Enfer de Dante avec des jambes en algues sous-marines, rappelant aussi que la roche est née des sédiments marins. Ensuite, on a une évocation du premier signe, où j’ai abordé une nouvelle technique de dessin sur la pierre. J’appelle ça « l’enfance des signes », évoquant les premiers signes graphiques des cavernes mais aussi de l’imaginaire enfantin. Après, on trouve un titan qui nous offre sa tête, espèce de condensation de Medusa et de Saint-Sébastien, et une femme en méditation, sorte de déesse ; tous deux ottent sur la voûte céleste. On entre alors dans un tableau plus sanglant, hommage aux carriers qui ont laissé leur vie dans la carrière où la pierre se teinte virtuellement de rouge. Dans le dernier tableau intitulé L’Enfer, le Diable et le Trou, une femme dort paisiblement et se réveille dans un cri, comme si elle avait expérimenté la terreur des profondeurs, puis se rendort, en une boucle sans fin. On peut y voir une réadaptation contemporaine de l’imaginaire lié à la damnation dans les ammes de l’enfer. Je procède constamment à des glissements entre l’inconscient collectif, les mythes, mon inconscient personnel, l’émergence du signe dans l’humanité et aussi dans l’enfance. Chez moi, il n’y apas de ligne de démarcation claire entre le mythologique et le personnel, le conscient et l’inconscient. Le mythologique est universel; c’est un outil, un langage qui nous permet d’exprimer encore aujourd’hui des sentiments universels. J’utilise des figures, ces histoires, comme des mots, des signes, que je combine pour raconter ma propre histoire. Je ne me positionne pas dans une œuvre référentielle, anthologique, mais je me sers de ces éléments forts, chargés, auxquels les gens peuvent se raccrocher pour les ramener à un discours qui, je l’espère, les touchera. Les mythes, pour moi, sont des phrases dont on peut permuter les mots pour obtenir d’autres signiants. Lévi- Strauss, dans son Anthropologie structurale, parle de « mythèmes », des archétypes fondamentaux, unités signiantes, relations fondatrices, à partir desquels tout mythe se construit. Plus simplement, on peut parler d’ingrédients que l’on peut cuisiner de différentes manières pour en retirer des saveurs nouvelles. Si mon objectif n’est pas de faire œuvre « mythologique », j’essaie par contre d’efeurer ou de réveiller chez mes contemporains ce tréfonds essentiel dont parlent les mythes, cette base symbolique qui nous constitue encore aujourd’hui.