La Naissance de Psyché
2009 / Installation vidéo
1 ou 2 lecteurs multimédias
Collaboration avec Charley Case
Cast : Marion Arlaud
Production : Musée des Abattoirs de Toulouse & Caza d’Oro.
Collection privée
Eve accouchant dans la rivière.
à Ma d’Azil
2009 / Vidéo
Vidéo HD -2009 – 6’52 »
Collaboration avec Charley Case
Musique : Gauthier Keyaerts
Cast : Marion Arlaud
Production : Musée des Abattoirs de Toulouse & Caza d’Oro
Résidence : Caza d’Oro.
Hommage aux sages-femmes magdaléniennes, gardiennes de la grotte.
» Thomas Israël est l’un des très rares artistes à avoir fait l’expérience du monde souterrain. Une expérience hors du commun qui lui a permis de remonter aux sources de l’image. Et par deux fois. D’abord en 2009 pour l’exposition DreamTime dans la grotte préhistorique du Mas d’Azil, en duo avec Charley Case. Puis en 2010, dans les carrières de pierre de Saint-Maximin (Oise) où il a conçu un « Parcours multimédia dans les imaginaires souterrains», intitulé Le Ventre du monstre. à ces deux occasions, Thomas Israël a expérimenté un tout nouveau travail de projection vidéo à même le rocher. Ses contributions sont précieuses car elles participent de la réouverture de l’accès à « l’outre monde ». C’est-à-dire à la part mythique du monde souterrain. Elles nous permettent ainsi de revisiter une dimension de l’art et de la culture humaine que le monde occidental s’est efforcé d’oublier, de nier et d’éradiquer pendant des siècles. L’outre-monde est une notion qui vient directement des cultures natives des chasseurs cueilleurs. Cela nous ramène à la position centrale qu’y occupait le sorcier ou le chaman. à la fois guérisseur, devin, faiseur de pluie, mais aussi garant de la cohésion collective et individuelle, le chaman assure ses différentes missions en entretenant un commerce avec l’invisible et les esprits. Ceux des ancêtres et des morts. C’est vers eux qu’il va chercher les solutions aux problèmes d’ici-bas en passant par la transe où par les grottes. Ces deux voies d’accès lui permettent d’entrer dans des états modiés de conscience pourvoyeurs de visions qui vont le guider dans sa tâche. C’est à partir de cette théorie dite «du chamanisme » que d’éminents préhistoriens comme le Sud-Africain David Lewis-Williams et le Français Jean Clottes ont bouleversé l’interprétation de l’art pariétal du paléolithique. Ils ont également relancé les débats sur l’invention de l’image et la nature même de l’art. Pour eux, l’art rupestre est intimement lié à ces processus. Il est vrai que dans de nombreuses traditions, la grotte est clairement considérée comme un passage ouvrant sur le monde des esprits et le cosmos. Elle est aussi un générateur de visions que les premiers artistes-chamans de l’histoire,
à la charnière du paléolithique supérieur, vers 30 000 av. J.-C., auraient tracées à même le rocher. L’un de ces préhistoriens, Jean Clottes, a été touché par le travail réalisé au Mas d’Azil, où Thomas Israël et Charley Case ont été invités à intervenir dans une salle au fond de la grotte. Leur projet a consisté à réveiller les «images qui y dorment» tout en identiant la caverne à un lieu de conception et de naissance. Un peu à la manière des artistes préhistoriques, ils ont joué des anfractuosités et de la conguration des surfaces du rocher pour faire apparaître des images. Comme celles de parturition et de naissance, qu’ils ont tournées avec une jeune femme du village dans la rivière à la sortie du gouffre. Projetées directement sur la paroi, ces images ont le curieux pouvoir de ranimer le rocher et de rendre la grotte vivante, comme s’il s’agissait d’un vaste organisme. C’est ainsi qu’ils ont participé à une curieuse aventure. Ils ont réveillé une troublante
efgie humaine qui dormait non loin de là dans une galerie depuis plus de 12000 ans! La grotte du Mas d’Azil recèle en effet l’une des très rares représentations humaines « réalistes » de la préhistoire, avec une tête d’homme qui a été peinte et gravée tout en utilisant le relief existant. S’agit-il d’un portrait, d’un esprit, d’un chaman ? e tout cela à la fois ? On ne le saura jamais. Après l’avoir filmé et réanimée par la vidéo, cette image a d’abord été reprojetée dans la grotte à même la paroi en 2009. Dans un deuxième temps, pour l’exposition DreamTime III en 2011, les deux artistes ont retravaillé le dessin du portrait en le combinant avec celui d’une figure hybride mi-homme mi-animal appelée «le sorcier», elle aussi issue de la préhistoire et de la grotte des Trois frères, non loin du Mas d’Azil. Cette vidéo, projetée dans la salle du chaos au cœur de la grotte, montre un dessin qui se construit au trait blanc. On voit progressivement apparaître la gure de l’hybride en même temps qu’une substance qui monte jusqu’au cerveau et se ramie dans des bois de cerf qui lui poussent sur la tête. Les deux artistes ont symbolisé la montée de Kundalini, l’énergie vitale qui part du sacrum et se ramie dans le corps jusqu’au cosmos, et dont on trouve l’évocation dans de nombreux récits chamaniques. Cette énergie se diffuse dans la grotte par un son guttural de brame qui fait résonner et tressaillir la caverne par intermittence. L’effet est saisissant. Il a profondément troublé les préhistoriens, qui ont eu la sensation de revivre le processus même des visions que les chamans-artistes de l’époque ont pu avoir.
Pascal Pique – À LA SOURCE DE L’IMAGE – in memento body (extrait)
Temps du rêve III – El Mago
Projection vidéo de dessins sur la roche, mélange de peinture rupestre et de mapping vidéo
Vidéo HD, 5 » – Collaboration avec Charley Case.